Tu as vu le visage de Dieu

&

Romance de la noire blonde 

OGRE N°46 – Gabriela Cabezón Cámara 

Gabriela Cabezón Cámara 

Tu as vu le visage de Dieu 

& Romance de la noire blonde

 

Traduit par Guillaume Contré

mercredi 6 avril 2022 

Taille : 140 mm / 185 mm – 200 p. – 18€

ISBN : 978-2-37756-134-6

Beya tente de s’échapper du réseau de prostitution qui l’a enlevée. Gabi, jeune artiste défigurée quand elle s’immole par le feu pour éviter l’éviction de son appartement, devient à la fois une œuvre d’art et l’emblème de la lutte populaire.

Ces deux courts romans, Tu as vu le visage de Dieu et Romance de la Noire blonde, forment avec Pleines de grâces une trilogie « Oscura », sur le retournement des victimes, sur leur capacité à lutter contre l’exploitation individuelle et collective. 

Avec une langue, percutante, poétique et politique, libérée de tout, mêlant la bible, Kill Bill, les mythologies, à la trivialité du quotidien, Gabriela Cabezón Cámara façonne nos héroïnes contemporaines.

LA PRESSE EN PARLE
 
« Comment ça s'écrit : Gabriela Cabezón Cámara, la martyre et la putain », par Mathieu Lindon, Libération : Tu as vu le visage de Dieu et Romance de la Noire Blonde, deux textes nés d'histoires réelles, violentes et atroces, roman violent, atroce et poétique ou désinvolte mais où l'humour trouve toujours sa place. 
 
« Gabriela Cabezon Camara a la capacité de transformer la réalité en puissante invocation utopiste », selon Un dernier livre avant la fin du monde : Gabriela Cabezon Camara est l’une des grandes voies de la littérature de notre siècle, qui propose une littérature libératrice et qui convoque nos luttes actuelles en les magnifiant comme jamais. Ces deux histoires interrogent la capacité des victimes à renverser les logiques de dominations par la magie de la littérature.
 
« Gabriela Cabezón Cámara, une écrivaine, journaliste et militante féministe argentine, considérée, à raison, comme l’une des figures les plus importantes de la littérature latino-américaine », selon Les Missives : Véritable courant de conscience, son soliloque donne à éprouver tous les sentiments qui traversent les personnages, j’ai rarement vu réunies dans une même œuvre avec une telle force puissances poétique, politique et populaire.
 
Journal Ventilo : Beya tente de s’échapper du réseau de prostitution qui l'a enlevée. Gabi, jeune artiste défigurée quand elle s’immole par le feu pour éviter l’éviction de son appartement en pleine crise financière, devient à la fois une œuvre d’art et l’emblème de la lutte populaire.
 
« Quelque part ici entre Saint Georges terrassant le dragon et Kill Bill », selon La Viduité : L’autrice se place dans l’intersectionnalité des luttes, dans une littérature queer et qui cherche à donner la parole aux personnes racisées sans misérabilisme ni exemplarité
 
Le Monde : L’autrice des « Aventures de China Iron » appartient à une nouvelle garde d’écrivaines qui ouvrent les lettres argentines à d’autres récits, d’autres voix, d’autres corps.

LES LIBRAIRES AUSSI

 

Librairie Les Mots à la bouche (Paris) : Avec une langue libérée de tout, mêlant la Bible, Kill Bill, les mythologies, à la trivialité du quotidien, Gabriela Cabezón Cámara déploie une langue percutante, poétique et politique, façonne nos héroïnes contemporaines et nous plonge directement dans les profondeurs de la marge. 

 

Librairie Lettres à croquer (Villeurbanne) : Deux romans aussi bouleversants et subversifs que Les aventures de China Iron  ! Deux textes très forts et engagés montrant l'absurdité criminelle des pouvoirs publics et se révoltant contre la prostitution. Une claque !

 

Librairie Le Passeur (Bordeaux) : Coup de coeur ! On ne sort pas tout à fait indemne de cette lecture où la cruauté prend forme sous une plume virulente et poétique ! Un texte poignant et engagé sur ces femmes fortes prêtes à tout pour sortir de leur condition de dominées. 

 

Librairie La Flibuste (Fontenay-sous-Bois) : Gabriela Cabezón Cámara taille à la plume et au couteau, à même le coeur des événements et la peau de ses protagonistes, deux récits de femmes aux langues quasi acides, tracées dans l'urgence, le feu et les cendres de leurs corps, de leur puissance de résistance et de survie. 

 

Librairie Fracas (Lorient) : « Tu as vu le visage de Dieu » fouille dans la chair, le sang, la sueur et tout le reste, la condition d'une jeune femme aux prises avec de multiples hommes et dont la seule quête est celle du divin, sidérée, dans un autre monde où les semblants font (sur)vivre. « Romance de la noire blonde » répand le feu et traite autant de la misère sociale que de la fétichisation des corps dominés, jusqu'à leur libération et leur émancipation (même sexuelle, comme souvent dans l'oeuvre argentine). Deux courts romans comme deux grand huit, comme deux coups de poing, comme deux réalités hurlantes, bruyantes, stridentes, toujours servis par la traduction de haute volée de Guillaume Contré.

 

Librairie Les Guetteurs de vent (Paris) : De nouveau des destins hors normes, un univers d'une violence inouïe le tout narré avec cette langue, ces images et cette poésie sans pareil. Digne des précédents Cabezón Cámara !

Librairie Comme un Roman (Paris) : Gariela Cabezon Camara conte le feu, le sang et la violence des laissées pour compte. Elle n'omet rien, dans une écriture frontale teintée de mysticisme. Des récits courts et crus, aussi forts que de coups.

 

EXTRAIT 

 

 

Préface de l'édition française par Gabriela Cabezón Cámara

 

 

Alors que j’écris ces mots, la deuxième plus grande zone humide du monde, qui se trouve dans mon pays, brûle. Les Esteros del Iberá, les étangs de l’Iberá, « l’eau qui brille » en guarani, sont en flammes. Les images sont infernales : animaux carbonisés, gens désespérés, vide cadavérique, grisaille de cendre, tout consumé, un holocauste là où il y a un mois encore il y avait des myriades de formes de vie, d’une vie de la Terre qui est également la nôtre, se déployant entre toute la gamme de couleur que contient le mot vert. Et bleu. Et rouge. Et jaune. Et orange. Alligators, capybaras, aromitos, jaguars, chevaux avec leurs gauchos et leurs gauchas, tous avec leurs pattes ou leurs corps entiers dans les marais. Le changement climatique, évidemment, et – dans le meilleur des cas –, le laisser-aller de l’État. Et la voracité du capital national et international qui nous ravage, faisant du monde entier un seul monde, uniforme et moribond. L’eau ne brille pas : elle se couvre de cendres. Comme les Guaranis qui lui ont donné son nom, condamnés à un génocide perpétuel. 

 

Mais résistant toujours. Les gens, les animaux, les plantes, la terre. Il m’est presque impossible de penser à autre chose en ce moment. C’est pour ça que cette sorte de préface ou d’explication ou de prologue ou quoi que ce soit qui précède Tu as vu le visage de Dieu et Romance de la Noire Blonde commence ici : avec le feu. Comme avait commencé la Romance. Je travaillais dans un journal, le soir, au bouclage, dans la section art. C’étaient de longues soirées et parfois, quand je n’avais rien d’autre à faire, je lisais quelques pages. L’une de ces fois, j’ai appris la vie – la mort – de Rubén Arias : j’ai vu sa photo. En flammes. Ça s’est passé de la sorte : le 17 février 2001, quelques mois avant que tout le pays n’explose, la police était allée évacuer un immeuble occupé par les plus pauvres des pauvres, à Neuquén, une province de la Patagonie. Arias, qui avait 31 ans, cinq enfants et un sixième en chemin, a prévenu les agents que s’ils entraient chez lui, il s’immolerait. Ils sont entrés. Il a approché l’allumette de son corps déjà aspergé de kérosène. Il s’est mis le feu. Il a fait quelques pas, sur la photo on le voit avancer avec les bras écartés. Les policiers se sont éloignés en courant, on voit leurs brodequins sortir du cadre. Arias est tombé et ils l’ont éteint avec une couverture. Il s’est remis debout. Un journaliste lui a demandé pourquoi il avait fait ça. « Pour mes enfants », a-t-il dit. Et il n’a plus jamais rien dit. Il a été emmené à l’hôpital. Il a horriblement agonisé pendant deux jours. Puis il est mort. Lire plus