Aventures dans l'irréalité immédiate

suivi de Coeurs cicatrisés

 

OGRE N°1 – Max Blecher

Max Blecher

Aventures dans l'irréalité immédiate 

suivi de Cœurs Cicatrisés

 

Traduit par Elena Guritanu
Préface de Claro
Postface de Hugo Pradelle
mardi 06 janvier 2015
Taille : 140/185 mm – 380p. – 23€
ISBN : 979-10-93606-00-2

« De tous les textes rares, sombres et solaires, têtus et célibataires comme les machines grippées qui les engendrèrent, Aventures dans l’irréalité immédiate demeurera à jamais comme l’un des textes les plus inouïs qu’ait produit un jeune homme promu non à l’envol glorieux mais à la pétrification hurlante. » – Claro

 

Souvent comparé à Schulz, Kafka, Hardellet ou Walser, Max Blecher est ce que l’on peut appeler un « écrivain du sanatorium ». Comme ses pairs, il a souffert dès son plus jeune âge d’une maladie, la tuberculose osseuse, le contraignant à faire de longs séjours en sanatorium. Il meurt en 1938 à l’âge de 29 ans, auteur de trois romans et d’un recueil de poèmes. Si son œuvre, comme celle de Bruno Schulz ou de Thomas Mann, est irriguée par cet état singulier, l’altérité et le rapport aux corps et aux choses qui en découle, elle semble déployer toute son originalité dans un regard unique porté sur le rapport au monde. Aventures dans l’irréalité immédiate n’aborde pas directement la question de sa maladie, mais, dans une tentative hallucinée d’approcher d’une réalité autre, il met en scène les expériences sensorielles (potentiellement autobiographiques) d’un jeune garçon dans une petite de ville de province roumaine. C’est à travers sa fascination pour les lieux dits « maudits » et les objets baroques et bon marché qui composent son quotidien que Blecher explore toutes les failles sensibles de la perception et construit une langue unique à même de restituer un état sensoriel.

 

Coeurs cicatrisés est quant à lui le récit de sa maladie et de son séjour en sanatorium. Sans être un journal comme La Tanière éclairée, ce roman, à forte teneur autobiographique, est l’histoire d’un jeune étudiant en médecine qui, découvrant la maladie invalidante et incurable dont il souffre, quitte Paris pour la ville sanatorium de Berck afin d’y recevoir des soins et se reposer. Outre l’altération progressive de la perception de son corps et de son environnement, essentiellement provoquée ici par la maladie, Blecher explore sous un angle plus quotidien et matériel l’irréalité ou les chevauchements de réalités qui semblent composer son imaginaire.

Ces deux livres mis ensembles créent un effet miroir de deux réalités qui se complètent, s’irriguent et semblent être à l’origine d’une langue et d’un imaginaire unique.

Max Blecher a remporté le prix nocturne 2013 (pour Aventures dans l’irréalité immédiate).

 

LA PRESSE EN PARLE

 

« N'importe où hors du corset de plâtre », par Macha Séry, Le Monde des livres, 29 janvier 2015 : Max Blecher, écrivain de sens et de la quête de sens, aura laissé derrière lui une œuvre brève, réjouissante par sa bizarrerie, dont le temps n'a pas corrodé le pouvoir de fascination.

 

« Blecher, les sens et le non-sens », par Mathieu Lindon, Libération, 19 février 2015 : Qui suis-je ? Il arrive que cette question familière échappe à la psychologie pour se poser dans les termes les plus concrets qui soient, comme si celui qui se questionnait était tout à coup happé par l’inconnu, un inconnu indéchiffrable.Lire plus

 

LES LIBRAIRES AUSSI

 

« Aventures dans l’irréalité immédiate de Max Blecher », par la librairie Ptyx (Bruxelles), 9 janvier 2015 : Hantée par les fièvres (celles provoquées par sa maladie comme celles issues de son éveil sensuel), son écriture explore les dessous de la réalité, en dressant une géographie qui vient la mettre elle-même en doute. Lire plus

 

EXTRAIT

 

L’automne vint, avec son soleil rouge et ses matins brumeux. Les maisons du quartier, entassées dans la lumière, sentaient la chaux fraîche. Les journées étaient délavées, avec un ciel aussi gris que du linge sale. La pluie martelait sans cesse le parc désert. De lourds rideaux d’eau s’agitaient entre les allées comme dans une immense salle vide. Je pataugeais dans l’herbe mouillée, mes cheveux et mes mains dégoulinants. Dans les ruelles sales de la banlieue, lorsque la pluie cessait, les portes s’ouvraient et aspiraient l’air. C’étaient des intérieurs humbles, avec leurs armoires ciselées, leurs bouquets de fleurs artificielles disposées sur la commode, leurs statuettes de plâtre bronzées et leurs photos d’Amérique. Des vies dont je ne savais rien, perdues dans les espaces légèrement moisis des pièces aux plafonds bas, sublimes dans leur indifférence résignée. Lire plus