If

OGRE N°32 – Marie Cosnay

Marie Cosnay

If

 

jeudi 16 janvier 2020
Taille : 140/185 – 200p. – 16€
ISBN : 978-2-37756-058-5

De Marseille à Alger, Marie Cosnay nous emmène sur les traces de Mohamed Bellahouel, un homme sans histoire, dont la destinée trouble dessine les contours d’un exil et d’une Algérie mythifiés.


En construisant une enquête fictionnelle et historique, Marie Cosnay poursuit l’élaboration d’une écriture documentaire unique, marquée par la poésie. Elle interroge notre rapport intime et politique à l’Algérie et propose de « mettre en corps » l’Histoire. Tout en soulignant l’impossibilité d’un grand récit ou d’une épopée, elle confronte le lecteur à la complexité et l’ambiguïté de sa place dans l’Histoire.

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J’avais dix ans, je lisais Le Comte de Monte-Cristo, il y était question des fils qui payent pour les pères, des fils qui payent éternellement, les fils des pères qui avaient fait les salauds payaient, tout jeunes les fils pouvaient en mourir, c’est ce qui arrivait au petit Villefort, il mourait empoisonné, les familles s’empoisonnaient.

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L’enquête, que ce soit dans ses écrits romanesques ou ses écrits militants, est au cœur de l’œuvre littéraire de Marie Cosnay. L’enquête, c’est-à-dire cette absence de ligne droite, ces errements, et, surtout, cette tentative toujours vouée à l’échec de rendre compte de la complexité du réel, est ce qui permet à Marie Cosnay de refuser la simplification, de rendre aux corps leur centralité dans la narration, y compris historique.


Cette entreprise de redensification du réel, qui passe avant tout par la poésie, ou du moins par une certaine torsion de la langue, nous arme politiquement, au sens où il nous immunise contre les histoires simplificatrices, contre les valeurs qui essayent de se faire passer pour des faits.

 

LA PRESSE 

 

« If – Marie Cosnay », La Viduité, janvier 2020 : Dans une langue trouée, saturée de cahots et de fulgurances, militante aussi tant elle exprime une haute colère pour l'incompréhensible saloperie des affaires des hommes, Marie Cosnay invente un pays, l'Algérie, comme un idéal territoire de l'imaginaire : un lieu d'où partir, d'où inventer d'impossibles retours. 

 

« If : l'enquête brutale de Marie Cosnay sur l'époque coloniale » par Sylvie Tanette, Les Inrokuptibles, le 14 février 2020 : À travers l'histoire mouvementée d'une famille, un texte hybride qui explore notre relation au passé colonial.

 

 

EN PARLE

 

« If, le nouveau roman de Marie Cosnay : Algérie évanouie » par Ulysse Baratin, En attendant Nadeau, le 19 février 2020 : Il ne s’agit pas de combler l’absence du disparu. L’autrice n’érige pas un tombeau mais un réseau. Car les « images » demeurent. Elles ont leur force et passent sous nos yeux, épaves charriées par cette enquête-errance qui remontent par à-coups soudains : bribes de vies de harkis ici, fragments de propos de pieds-noirs là, discours politiques tamponnés selon un rythme régulier, ou fuites soudaines vers le plus loin de l’histoire de la colonisation.

 

EXTRAIT

 

Marseille, été 2016. Le métro ronfle ronfle, c’est entre Castellane et l’arrêt d’après mais ça n’a pas d’importance, mes deux personnages sont un peu âgés, le monsieur est coiffé d’une casquette, la dame est plutôt coquette. Le monsieur à casquette a un appareil auditif et malgré le ronflement du métro personne ne perd une miette de la conversation. Quand ça commence la dame s’attendrit parce qu’un chien, le chien d’une amie, lui a léché la main, c’était touchant, ce chien qui ne savait rien d’elle, lui léchait la main spontanément, la dame est au bord des larmes, il s’agit d’un chien et d’un paroxysme d’émotion, émotion que le vieux monsieur contrôle, il fait de petites interjections fatalistes : qu’est-ce que tu veux, les bêtes, les bêtes c’est, les bêtes c’est pas.

Ils sont sympathiques, le monsieur à l’appareil auditif et la dame au chien.

La dame est bien coiffée, bien ridée, bien bouclée, bien décolorée. Ils se moquent éperdument qu’il y ait du monde pour les entendre.

Les bêtes c’est pas comme les hommes.

Petit bruit du monsieur toujours fataliste.

Je peux plus les voir.

Les Arabes je peux plus les voir, je peux plus en voir un seul, répète la dame du 15 juillet 2016. Lire plus