Safe

OGRE N°10 – Lucie Taïeb

Lucie Taïeb

Safe

 

jeudi 04 février 2016

Taille : 14/18,5 mm – 180p. – 18€


ISBN : 979-10-93606-29-3

Une femme se réveille seule dans une pièce blanche et close, une autre marche dans la lande bordant une falaise, tentant d’éviter l’homme qui vient vers elle, une autre enfin est placée en quarantaine, atteinte d’une syphilis étrange. Dans son premier roman, Safe, Lucie Taïeb met en scène une ou plusieurs femmes, selon la lecture que l’on choisira de faire, aux prises avec une peur abstraite. Oscillant entre rêve et réalité, ou entre rêve et rêve, cette peur se déguise de diverses manières, la peur de l’autre, du dehors, du vide, elle pèse de tout son poids et nous tétanise. Cette peur n’a pas de nom, seulement des masques.

 

Que sommes-nous prêts à ignorer, à accepter, à sacrifier, pour vivre « en sécurité » ? 

 

SAFE : être en sécurité, protégé, à l’abri. Fuir amis et famille à la recherche d’un lieu sûr, et ne pas le trouver. Attendre la guérison en quarantaine, alors qu’une épidémie de syphilis ravage la France, puis se lasser d'attendre. Trouver enfin l’endroit, parfaitement clos, parfaitement pur, où ne plus craindre aucune menace, mais être à la merci de ceux qui ont les clefs. Et savoir pour finir que la sauvagerie des rêves viendra seule contrer un désir de sécurité que rien ne peut combler, un désir devenu fou, qu’il vienne de ceux qui le subissent ou leur soit imposé par d’autres. Que cache un tel désir ? Et comment l’affronter ? Les personnages de SAFE, passagers clandestins entre rêve et réalité, ne cessent de lutter contre une force qui les écrase. Nul ne peut dire si l’issue qu’ils trouvent est une victoire ou une défaite, si la fuite, la quarantaine, les souvenirs mêmes, sont des refuges, des impasses, des prisons. Au passage : une héroïne aux visages changeants, une hache et une seringue, des corneilles, un renard, des hommes masqués, des sœurs complices, un avion sans pilote, quelques nuées d'enfants.

 

LA PRESSE

 

 

« Rassurantes étrangetés », Bookalicious, 6 mai 2016 : Il y a un peu de David Lynch dans ce roman dense, intense et incantatoire. On oscille en permanence entre poésie et narration, entre un rêve et un autre, guidé par la plume sûre et malicieuse de Lucie Taïeb, très à l’aise dans cet entre-deux mondes onirique.

 

« Safe », par Emmanuèle Jawad, Libr-critique, le 17 mars 2016 : Les sphères narratives de Lucie Taïeb agencent et diffusent au fil de leurs séquences des climats de peur, d’étrangeté et d’humour ; une forme de flottement instaure une confusion rêve/réel sur l’axe de l’imaginaire, structurant ainsi le récit et y associant la mémoire (filiale notamment), le surnaturel et la maladie, en référence au film Safe de Todd Haynes.Lire plus

 

EN PARLE

 

 

« Dépérir est-il le contraire de périr ? », par Dominique Dussidour, Remue.net, 18 février 2016 : Safe est le roman des refus réciproques : ce qui, du monde, se refuse et ce que, de ce monde, refuse la voix narratrice : être « normale », adaptée, en bonne santé (selon leurs critères, les critères des autres), être guérie (par eux). Et quand, par hypothèse, le mot safe se révèle être l’acronyme de SAge-FEmme, comment l’intégrer dans la remontée à la surface ? Dans le roman de Lucie Taïeb, l’expérience de la dépossession de soi par le langage — quand le langage est pourtant le seul espoir — nous donne à comprendre, au plus près des mots, la façon dont le langage organise, désorganise, dans le meilleur des cas réorganise les relations tendues entre la polyphonie du dedans et l’unicité exigée par l’existence au-dehors. Lire plus

 

EXTRAIT

 

 

Je me taperais la tête contre les murs. Si j’étais moi je me taperais continuellement la tête contre les murs. Pas seulement la tête d’ailleurs. Je me taperais continuellement contre les murs (si). Je m’élancerais contre les murs pour qu’ils se fissurent. Je me cognerais incessamment contre tout mur visible ou invisible contre toute porte fermée que je préférerais tenter d’enfoncer plutôt que de l’ouvrir. J’irais en force. Je serais couverte de bleus. Je ne me ferais jamais vraiment mal mais si j’étais vraiment moi je me ferais vraiment mal. Je me briserais. Lire plus