Brûlées

OGRE N°22 – Ariadna Castellarnau

Ariadna Castellarnau

Brûlées

 

Traduit par Guillaume Contré
mercredi 18 avril 2018
Taille : 140/185 mm – 176p. – 18€
ISBN : 978-2-37756-009-7

Brûlées, premier roman d’Ariadna Castellarnau, délivre une prose implacable, sèche et intensément belle, comme si les mots eux-mêmes avaient été réduits et purifiés par le feu. Le monde est en train de mourir. Ou il est peut-être déjà mort, mais il est encore habité par des survivants qui s’entendent sur la manière de mourir de faim, qui défendent leurs biens, qui prient pour l’avenir et qui abandonnent leurs enfants, parfois pour qu’ils aient une vie meilleure, parfois simplement parce qu’ils sont épuisés. Ce qui est arrivé au monde et pourquoi cela est arrivé n’est pas fondamental, ce qui compte c’est ce qu’il faut faire des dépouilles, de la crasse, de ces feux de joie nocturnes, de l’abandon lent de la compassion et du gouvernement de la tristesse.

Brûlées est un roman axé sur les femmes. C’est comme si les hommes, leur pouvoir, leur domination, le stéréotype du mâle, avaient aussi été brûlés. Les rares qui restent ont perdu leur virilité ou le feu leur a révélé leur vulnérabilité. Les femmes sont les véritables héroïnes de cette histoire, qui, en un mouvement à la fois terrible et libérateur, les contraint à réinventer radicalement leur rôle social.

Le monde se meurt. Peut‑être est-il déjà mort, mais des survivants l’habitent encore. Ils font des pactes sur la manière de mourir de faim, défendent leurs austères possessions, prient le long des chemins et abandonnent leurs enfants, soit pour qu’ils aient une vie meilleure, soit par épuisement. Ariadna Castellarnau connaît tellement bien ces êtres désespérés qu’il lui suffit de quelques traits de sa prose sèche, intensément belle par moments, pour en dessiner les contours : la femme sans jambe, la femme sans œil, la petite albinos, les jeunes chasseurs, le frère responsable. Ce qui est arrivé au monde n’est pas fondamental dans cette cartographie du désarroi qu’est Brûlées. Il importe bien plus de savoir quoi faire des résidus, de la crasse, de ces bûchers au cœur de la nuit, du lent abandon de la compassion et du règne de la tristesse. (…) Castellarnau écrit sur la fin comme si elle la connaissait, comme un témoin qui sait, qui devine et qui blesse ; un témoin qui enrage de la mort de la lumière. – Mariana Enríquez 

 

LA PRESSE EN PARLE

 

« Aux limites d'une humanité brûlée par le grand feu », par Sophie Joubert, L'Humanité, 5 juillet 2018 : Brûlées est un roman de femmes. (…) Elles ne sont ni meilleures ni pires que les hommes. Elles sont peut-être plus douées pour survivre.

 

« Brûlées », par François Perrin, Le Vif/L'Express, 3 mai 2018 : Se fondre en brasier avec l'équipement commun, disparaître sans se retourner, abandonner tout rêve d'humanité. Fantastique cauchemar.Lire plus

 

LES LIBRAIRES AUSSI

 

La Cédille (Lamballe) : Humanité en fin de course, purification par le feu. Extinction ou renaissance ? En tout cas chef-d’œuvre parfaitement maîtrisé et au style envoûtant.

 

Myriagone (Angers) : Brûlées, calcinées, les terres, les possessions, les destinées… n'en restent que des monceaux, des fragments d'êtres encore disposés à vivre, traçant leur route au travers d'une folie sans nom. Ariadna Castellarnau construit une œuvre chargée de visions brutales, habitée par une écriture étrangement aérienne. Ici prend corps un feu qui éclaire !Lire plus

 

EXTRAIT

 

La nuit vient et Rita et l’homme n’ont toujours pas décidé qui des deux mangera la dernière pêche au sirop. C’est une décision importante, non seulement car c’est la dernière, mais aussi parce qu’ils ont également convenu qu’une fois la boîte terminée ils se laisseraient mourir de faim. 

Rita fait danser la pêche avec la pointe d’une fourchette.

– Tu vas la manger ou pas ? demande-t-il.

– Je ne sais pas. On ne devrait pas la tirer au sort ?

– Qu’importe qui la mange. Ce n’est que symbolique.

– Mourir de faim n’a rien de symbolique.Lire plus