Ma fille folie

OGRE N°4 – Savina Dolores Massa

Savina Dolores Massa

Ma Fille folie

 

Traduit par Laurent Lombard

jeudi 05 mars 2015

Taille : 14/18,5 mm – 200p. – 21€

ISBN : 979-10-93606-03-3

Ma Fille folie, qui a fait scandale à sa sortie en Italie, déprogrammé pour ses propos censément pornographiques, est un roman étrange et drôle. Sans dénouer ce qui des propos et constatations de Maddalenina relève du délire ou de la réalité, il propose à la fois une lecture du corps féminin dénué de tout fantasme – un corps malade, dur et sec en opposition totale avec celui sain, tendre et généreux de la Mère –, empêtré dans un fantasme de maternité –, et un tableau des villages sardes des montagnes qui, fermés sur eux-mêmes, marginalisent les faibles.

Femme marginalisée par les habitants du village sarde où elle habite, Maddalenina, analphabète, dont le seul revenu est une pension d’invalidité, vit, après la mort de ses parents, dans une solitude joyeuse. Le jour de son cinquantième anniversaire, elle comprend que le moment est venu pour elle d’enfanter. Après avoir entendu les noms chantés de trois géniteurs impossibles (le premier a été émasculé par un taureau, le deuxième est un vieux professeur qui a toujours préféré les marins violents aux femmes et le troisième un adolescent de 15 ans qui cherche par tous les moyens d’échapper à la malédiction familiale qui voit tous ses membres vivre jusqu'à cent ans) et avoir recueilli les conseils de Maria Carta, une « guérisseuse », Maddalenina voit son ventre grossir et pense son rêve en bonne voie de réalisation. 

Les langues que Savina Dolores Massa déploie dans ce récit burlesque mettent en lumière les différentes réalités qui composent la vie de Maddalenina. Plus encore, elles mettent en scène, au travers de l’instrumentalisation des figures religieuses – la Vierge, la Trinité et le cierge –, les rapports ambigus qu’entretiennent ces êtres perdus et en marge avec la société conservatrice et religieuse qu’ils hantent. Ainsi le langage simple et accidenté des questions de Maddalenina répond à celui abstrait et construit de ses interlocuteurs, reflétant ainsi les relations qu'entretiennent les croyants et leur texte, ceux qui ne savent pas et ceux qui savent, les dominés et les dominants.

 

LA PRESSE

 

« Ma Fille Folie, de Savina Dolores Massa », par F. M., Le Matricule des Anges, 13 mai 2015 : Un conte cruel et piquant ! Lire plus

 

EN PARLE

 

« Ma Fille Folie », par Marianne Loing, Sens critique, 25 février 2015 : Avec Savina Dolores Massa, et Laurent Lombard pour la traduction française aux enthousiasmantes éditions de l’Ogre (Mars 2015), le miracle est dans l’écriture : le trivial et la folie se métamorphosent ici en un récit poétique et théâtral joyeusement macabre, satire burlesque et poignante, à la manière d’un Ascanio Celestini (La brebis galeuse, 2010), d’un milieu borné qui secrète son propre pourrissement, subtilement doublé tout au long du récit par le jeu des personnages, d’une réflexion sur la création littéraire, la posture de lecteur, de personnage et d’écrivain. » Lire plus

 

EXTRAIT

 

En janvier, au début du cinquantième anniversaire de sa vie, Maddalenina jugea qu’était venu le temps de faire son premier enfant.
Elle consacra toute une nuit, plus trois heures après une aube pas particulièrement flambante, à réfléchir sur qui devrait être appelé à la féconder. À sept heures du matin, elle n’avait toujours pas choisi, mais elle eut une illumination quand les aiguilles de son horloge à coucou se placèrent toutes deux sur le chiffre neuf, qui lui avait toujours plu.
Quand sonna moins le quart, la petite porte éjecta l’oiseau empaillé qui brailla trois noms puis, vu qu’il avait fait du rab, se reposa jusqu’à la demie, escamotant l’heure.
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