Le Chant de la mutilation

OGRE N°26 – Jason Hrivnak

Jason Hrivnak

Le Chant de la mutilation

 

Traduit par Claro
jeudi 07 février 2019
Taille : 140 / 185 mm – 264p. – 22€
ISBN : 978-2-37756-024-0

Fruit imaginaire des amours occultes de Georges Bataille et David Lynch, Le Chant de la mutilation de Jason Hrivnak est une méditation troublante et surréaliste sur les démons qui nous hantent et sur la nature du mal. – Brian Evenson

 

Thomas entend des voix. La plus importante d’entre elles est celle d’un démon nommé Dinn. Le démon réarrange la santé mentale déclinante de Thomas pour en faire une sorte d’aventure cauchemardesque, une occasion de laisser le monde derrière soi pour rejoindre les forces de l’enfer. Quand Thomas décide de se soumettre à Dinn et de se consacrer à ce que ce dernier appelle sa « formation », il se retrouvera à commettre l’innommable. Dinn a toutefois réussi à peindre le monde de couleurs si sombres et désespérées que, bientôt, Thomas n’aura plus ni la volonté ni les moyens de chercher une aide dont il a désespérément besoin. 

Avec ce long monologue de Dinn, tout entier dédié à la formation de son apprenti démon, c’est-à-dire à la corruption la plus totale de son esprit, Jason Hrivnak explore encore un peu plus profondément les tréfonds de la psyché humaine, avec tendresse et cruauté, pour découvrir ce qui, en elle, essaye toujours de résister à la corruption.

Mi-traité de démonologie définitif, mi-plongée dans un délire schizophrénique, Le Chant de la mutilation est avant tout et paradoxalement un message de foi en l’humanité.

Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à écrire cet ouvrage, Jason Hrivnak a répondu :

La question, la peur, qui me taraudait en écrivant ce livre était : comment une toute petite chose peut nous appâter, peut suffire à nous motiver pour vivre un jour de plus, et à quel point cette chose peut être petite. Est-ce que je marcherai sur du verre pilé pour une minuscule miette d’espoir, de chaleur ? Bien sûr, la réponse implicite à toutes ces questions est oui. Peu importe à quel point cette chose est petite, peu importent les obstacles qui barrent la route, vous allez essayer de l’obtenir quoi qu’il arrive. Alors ce livre est une sorte d’exercice : à quel point ce qui permet au personnage de survivre peut-il être minuscule ?

 

LA PRESSE EN PARLE

 

« Jason Hrivnak, une esthétique du mal », par Paco Vallat, Un dernier livre avant la fin du monde, 5 mars 2019 : Étrange donc de parler d’un roman si sombre, si pesant, si misanthrope sans aucune once d’humanité ni lueur d’espoir. C’est qu’au-delà du vertige de contempler un joyaux de pure cruauté, Jason Hrivnak est un écrivain hors pair. Un style percutant, au mot ciselé, où les jeux littéraires et les procédés d’inventions s’enchaînent. (…) Un grand livre, à lire avec précaution, comme souvent dans le catalogue des éditions de l’Ogre.Lire plus

 

LES LIBRAIRES AUSSI

 

Librairie Payot (Genève) : Lorsque le malheur de la vie désossée d'un jeune homme attire un démon et ouvre un gouffre d'horreur.Lire plus

 

EXTRAIT

 

J’avais passé la nuit à son chevet, à le regarder dormir. La moindre contraction visible sur son visage ne faisait que renforcer mon désir de lui nuire. Je le réveillai une heure avant l’aube et lui ordonnai d’aller prendre son service dehors, lui dis de se dépêcher s’il ne voulait pas sentir toute la puissance de mon courroux. Il avait dormi tout habillé, sans ôter ses chaussures, et il se leva du lit avec une expression hagarde, l’air penaud de celui qui a oublié de se réveiller et n’a fait que glisser d’un cauchemar à l’autre. J’attaquai en l’accablant d’insultes, m’attachant à sa personne telle une ombre nocive alors qu’il traversait la pièce plongée dans l’obscurité. Je lui dis que son visage ressemblait à de la charpie. Je lui dis qu’un intellect aussi chétif que le sien ne pouvait être que le résultat d’une grave lésion cérébrale. Dans une sorte de rêve éveillé, je lui montrai la séquence en accéléré d’un néocortex en proie à l’ischémie, les lésions s’épanouissant telles des volutes là où la matière grise s’était nécrosée. « Imagine que l’immeuble brûle, dis-je. Imagine que l’étage s’effondre. Imagine ce qu’il te plaira, mais sors de ton hébétude si tu ne veux pas que, dans une effusion spontanée de dégoût, je t’éviscère sur place. »Lire plus