L'Orage et la loutre

OGRE N°6 – Lucien Ganiayre

Lucien Ganiayre

L'Orage et la Loutre

 

mardi 05 mai 2015

Taille : 140/185 mm – 224p. – 18€

ISBN : 979-10-93606-08-8

Dans un village du Périgord, après un étrange orage, un instituteur découvre que le monde qui l’entoure, ainsi que tous les êtres vivants, sont figés, immobiles comme si le temps s’était définitivement arrêté. Il suffit de les toucher pour qu’ils se réchauffent, reviennent à la vie, et, au bout d’une fraction de seconde, meurent et pourrissent. Livré à lui-même et évoluant en permanence sur une scène de théâtre dont les acteurs et le décor seraient aussi froids et fragiles que du verre, l’instituteur essaye dans un premier temps de mener une vie normale dans son village, et, tant bien que mal, de survivre à la folie qui le guette. Il décide finalement de rejoindre Paris à pieds pour tenter d’y retrouver son seul ami d’enfance. C’est en chemin qu’il rencontrera un autre être mouvant, une loutre, qu’il tentera d’apprivoiser…

Roman fantastique, mais également récit exaltant et cruel du voyage d’un homme laissé seul avec son esprit et ses souvenirs, L’Orage et la Loutre, écrit au sortir de la guerre, fut à sa publication qualifié de « dernier roman réaliste », en ce sens où est conféré une dignité aux activités les plus banales de la vie quotidienne (certes bouleversée par un événement surnaturel). Si on peut à bon droit y voir une allégorie de la guerre (il suffit de penser aux représentations cinématographiques – inédites à l’époque – de la solitude du soldat, évoluant au ralenti, sur un champ de bataille), L’Orage et la Loutre est avant tout une méditation profonde sur l’impossibilité de l’amour et du contact humain.

 

LA PRESSE EN PARLE

 

« Lucien Ganiayre / L'Orage et la Loutre », par Romain Verger, Membrane, 17 mai 2015 : Un très grand roman, d’une puissance rare, où le fantastique et la poésie, portés par une langue d’une beauté sauvage et sensuelle, forment un alliage des plus singuliers et envoûtants.

 

« Arrêt sur image », par Didier Garcia, Le Matricule des Anges, 12 juillet 2015 : [L]e tour de force de Ganiayre est de faire admettre l'inadmissible (…). S'il a l'art d'enfermer son lecteur à l'intérieur d'un monde improbable, dans une langue que rehaussent volontiers de subtiles colorations poétiques, Ganiayre a aussi celui de créer une intrigue oppressante (qui pousse à aller de l'avant) : à chaque page on espère que Jean va s'en sortir et que le sortilège qui régente sa vie va s'effacer de lui-même.Lire plus

 

Notes éparses à l’intention de ceux qui, parmi les lecteurs de L’Orage et La Loutre, voudraient s’exercer à une forme d’archéologie littéraire. 

 

Nous ne savons que peu de chose à propos de Lucien Ganiayre et de son roman L’Orage et la Loutre. Voici ce que ces enfants nous ont permis de découvrir. 

Lucien est né en 1910 à Lussas et Nontronneau (Dordogne). Ses parents étant décédés alors qu’il était très jeune, il est élevé par une tante et des grands-parents instituteurs dans différents villages de Dordogne, Montravel, Velines, Saint-Nexans (qui lui inspirera son pseudonyme d’écrivain et de comédien). 

Il fait des études d’anglais à Bordeaux, tout en étant « pion », mais est plus attiré par l’écriture et le théâtre. 

En 1933, il envoie un poème en réponse à une enquête de la N.R.F., il est publié dans la revue et rencontre Jean Paulhan. 

Nous avons retrouvé l’introduction de ce poème qui nous montre quel genre de jeune homme était Lucien : Lire plus

 

EXTRAIT

 

Sentant l’orage proche et jugeant qu’il valait mieux ne pas m’attarder, j’ai décidé de sortir de l’eau, de me sécher avec des bouchons d’herbe et de me rhabiller. Mais avant, pour bien profiter de mon bain, je me suis accroupi, plongeant ma tête sous l’eau. La fraîcheur de la source m’est entrée dans les oreilles, dans le nez, caressant mon crâne sous mes cheveux qui se soulevaient doucement. J’ai ouvert les yeux et j’ai regardé mes jambes pâles et les petites bulles qui restaient prises, comiquement, dans mes poils. Je pouvais, sans aucun effort, dans cette eau légère, chasser l’air de mes poumons par la bouche et le nez. J’ai barboté ainsi quelques secondes, puis j’ai levé la tête hors de l’eau.Lire plus