Le Mont Arafat
OGRE N°40 – Mike Kleine
Le Mont Arafat
Traduit par Quentin Leclerc
vendredi 21 mai 2021
Taille : 140/185 – 168p. – 18€
ISBN : 978-2-37756-068-4
Dans Le Mont Arafat, il y a toute la littérature, sous toutes ses formes. Dans Le Mont Arafat, des personnages se rendent dans un château. Quelqu’un regarde un Woody Allen, et pleure. Il y a le mont Arafat, où il est dit que Mahomet donna l’un de ses derniers sermons. Un avion disparait. Il y a des univers parallèles, et, bien sûr, des voyages spatiotemporels. Une île avec des prisonniers. C’est très certainement la fin du monde. Des dieux mangent d’autres dieux. Et, dans une pièce, quelque part, il existe un levier que, surtout, surtout, il ne faut jamais toucher.
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Imaginez toutes les horreurs et toutes les morts dont vous avez déjà entendu parler, puis imaginez tous les univers et tous les paysages fous dont ils sont issus. Ajoutez des volcans, des météores, des invasions de maisons, des suicides, des Ferrari et des accidents, puis tirez le levier et voyez ce qui se passe. Peut-être quelque chose de terrible, peut-être quelque chose de bizarre, ça dépend de l'univers. Est-ce la fin du monde ? Est-ce que cela a de l'importance ?
Dans Le Mont Arafat, Mike Kleine, à la manière d'un Roberto Bolano dans Anvers, déploie un don incroyable pour le collage, le tissage de micro-récits dérisoires montés de manière à produire une sensation mélangée de rire jaune, de désespoir et d’horreur cosmique, d’où, bizarrement, jaillit une évidente beauté.
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Ces pages sont comme de la haute cuisine, des milliers de vies distillées pour composer, ensemble, quelque chose de goûteux et de magnifique. De la magie cosmique agite chaque page, et des speedboats et des catastrophes célestes affolent les alentours du mont Arafat. Chaque subtilité est somptueuse, chaque page est un voyage. Ces pages sont pleines de la mort et je me demande – la mort a-t-elle jamais été aussi délicieuse ? – Frank Hinton, autrice de Action, Figure
Dans cette collection de pièces liées entre elles, allégoriques et pleines d’imagination, Mike Kleine explore ce qui reste face à la mortalité de l’homme. De Google Maps au rose du ciel, de la salle d’attente d’un hôpital à la lune et la marée, Kleine communique l’éternité de la nature au sein de l’éphémère. – Melissa Broder, autrice de Scarecrone
Le Mont Arafat est une triste litanie de morts absurdes et de consumérisme. Une célébration du capitalisme tardif sur le déclin – drapé dans la mort et les peaux d’animaux. Vous grincerez des dents, vous aurez la larme à l’œil, et vous remplirez votre bouche de charbon et de trombones. – Olefia Hunt, autrice de Today and Tomorrow
Prenez Kanye West, injectez-lui une toute-puissance cosmologique et le désir de tuer, et il finira par écrire Le Mont Arafat. Il s’agit d’un guide étrange des mœurs intérieures de ceux qui sont à la fois riches et violents. – Ken Baumann, auteur de Solip
Ne prenez aucune décision. Ne vous attendez à rien de particulier. Attendez-vous à n’importe quoi ? Attendez-vous à tout. Ce n’est pas un objet que vous tenez dans vos mains. Le Mont Arafat est un trou – comme être à bord d’une voiture allant à la vitesse de la lumière, quand tout est super brillant, un flou magnifique, et puis que la voiture s’arrête un instant et que, soudainement, vous pouvez tout voir, avant de repartir à nouveau à la vitesse de la lumière. Les univers parallèles existent dans ce livre, non pas tant pour que Mike ou le lecteur puisse explorer l’idée d’univers parallèles, mais bien plutôt pour rendre clair le fait que, avec ce livre, il est permis d’habiter un univers parallèle. Vous, le lecteur, vous pouvez créer votre propre univers parallèle, votre propre sens de la mode, vos propres dieux. Ce livre – pour moi – a été une leçon sur le non-sens. Et ce qui rend ce livre si puissant, c’est que vous pouvez réellement sentir, dans ce que vous lisez, ce que vous ne lisez pas. Ce livre va vous estomaquer. Il va vous estomaquer à chaque fois que vous l’ouvrirez. – Ken Sparling, auteur de Intention Implication Wind
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Un trou noir trouve dieu et l’avale. Après ça, le mont Arafat.
LA PRESSE EN PARLE
« Comment ça s'écrit. Mike Kleine, cosmic trip », par Mathieu Lindon, Libération, 3 juillet 2021 : [Le Mont Arafat] se déroule dans une sorte de présent de science-fiction, dans la lignée des textes de William Burroughs pour sa façon d’appréhender la modernité avec un réalisme paranoïaque et comme s’il s’agissait d’une modernité ontologique, une espèce de modernité hors-sol flottant sur le monde.Lire plus
LES LIBRAIRES AUSSI
Librairie Fracas (Lorient) : Perturbant, insaisissable, étouffant, chthonien, Le Mont Arafat ébranle, suffoque, retourne, plaque. La tempête n'a jamais été aussi intense, et l'œil du cyclone si absent.
EXTRAIT
Nous sautons depuis la gueule de l’hélicoptère. Certains d’entre nous n’y survivent pas. Nous marchons vers le mont Arafat. À un moment, David décide : « Je veux rester derrière. » Au château, un taxi nous attend. Non loin de là, il y a un hôtel avec un parcours de golf, cinq chevaux et une Ferrari rouge. Luc dit au chauffeur de taxi : « Conduisez-nous jusqu’aux montagnes. » Nous roulons jusqu’aux montagnes en taxi vers un château qui est peint en blanc. Amir et Raymond et Camille et Marc et François suivent avec les chevaux. Majeed fracasse la Ferrari sur le flanc du mont Arafat. Nous ne le reverrons plus jamais. Benoit dit à Emili : « Regarde, encore plus de montagnes – derrière là vraiment très grosse, là-bas. » Évidemment, Benoit parle du mont Arafat. Le chauffeur de taxi dit : « Après les tremblements de terre, les hommes blancs sont restés et la majorité de la population noire a fui. » Nous nous arrêtons pour observer le mont Arafat. Un panache de fumée blanche s’échappe depuis quelque part en bas de la montagne. Nous voyons des graffitis. Les mots mandarine et Malibu et nuit et rêves. Des animaux et des insectes. Mais aussi de la mousse verte et de la peau sale. Un paysage sauvage. « Voici l’endroit où ça s’est passé. »Lire plus