Tombant
OGRE N°44 – Fabien Clouette
Tombant
jeudi 6 janvier 2022
Taille : 140 mm / 185 mm – 384p. – 21€
ISBN : 978-2-37756-124-7
Tombant est l’histoire d’un été adolescent frappé par un terrible accident : quatre jeunes roulent de nuit sur une route côtière, la veille d’une cérémonie pour leur ami Cosmos, péri en mer dans le naufrage d’un chalutier.
La voiture chute d’une falaise, et le conducteur, à mesure qu’elle s’enfonce dans l’eau, revit les souvenirs de l’été qui vient de se dérouler. C’est une histoire tendre dans un décor hostile, un amour et des amitiés adolescentes dans un port, à Saint-Malo, affecté par la montée des eaux et par des incendies à répétition.
Vous aussi, vous avez déjà rêvé, comme un flash, d’avoir un accident ? Que vous avez vécu, bien que sain et sauf, en détails ? Fabien Clouette, dans ce roman très intime, travaille ce motif universel et découpe, en sons et en images, la trajectoire d’un amour projeté dans la mer.
LA PRESSE EN PARLE
« Est-ce le genre d'image qui revient hanter ? Le télescopage mémoriel de l'ordinaire et du sensé au moment de plonger pour la dernière fois. Fabuleux. » Hugues Robert, Charybde : Il s’agit d’une reconstruction extrêmement élaborée – sans aucun reniement de son innocence primordiale – des tenants et aboutissants d’un été ordinaire (supposant de parvenir à reconstituer ce qui fait le banal, le quotidien et le résolument autre)”
« Plonger dans un roman de Fabien Clouette est une aventure qui peut mener loin dans la remise en cause des certitudes », selon Franck Mannoni, dans Le Matricule des Anges : Comme souvent chez Fabien Clouette, le Beau surgit dans l’effroi avec une certaine quiétude, rappelant l’art pictural d’un Francis Bacon. Tombant est un récit de l’éther, on ne sait d’où parle cette voix qui semble posséder des pouvoirs d’évocation troublants.
« Tout est à l'eau », Pierre-Edouard Peillon, Le Monde des Livres : Le nouveau roman de l'écrivain se mouille, comme on le dit face à une prise de risque. Pour cause, tout Tombant tient dans une chute. Suspendu dans cet instant, le narrateur se souvient de l'été qui vient de s'achever. Le drame englobe tout ici : il a déjà eu lieu, il est en cours et il va se produire. Naufrage infini diffracté dans une écriture gonflée d'infimes détails, ces 'menus moments' que le narrateur regrette. Ce pourrait être ça, la littérature, ces leitmotivs d'un De profundis noyés dans un océan de petits riens – même si, à la fin, la mer aura le dernier mot.
« Tombant de Fabien Clouette », par François Perrin, Le Vif / L'Express : Ce merveilleux titre, court, utilisant le participe présent, en dit long sans en donner l'air : à travers lui, ce Tombant propose une distorsion temporelle absolue, un cadre narratif terriblement original.
ICI AUSSI
« Littérature. Dernière plongée dans le présent du rêve », Alain Nicolas, L'Humanité : Monde de boucles et de miroirs, l’univers de Fabien Clouette n’a rien d’abstrait. Il met en scène de jeunes adultes d’aujourd’hui travaillant sur des chantiers, des chalutiers, dans des studios. Il rend étonnamment présents leurs outils, leurs vêtements, leurs peaux, leurs voix, leurs sens. Il fait vivre ce réel avec une écriture ample, forte et rêveuse d’autant plus précise qu’elle se fixe pour but de tracer une histoire dans la buée.
« Breaking the waves », Junkpage : Dans ce saisissant roman vertical, Fabien Clouette nous plonge, tels des homards saisis sans préavis, directement dans le bain fatal avec ses personnages. La densité de la langue profonde de Clouette impressionne durablement ainsi que son aptitude à surprendre son lecteur par une multitude de détails malmenant le réel Gonflé d'air et d'adrénaline par le dévoilement direct de son climax, le roman avance alors que le break s'enfonce par une écriture marine et sous-marine, dévoilant le présent et révélant le passé. Au-delà et en deçà de la surface des choses. Fort et enivrant whisky que ce livre qui, une fois fini, vous laissera en bouche un goût particulier, celui salé, de l'iode de nos jeunesses dérivant défaites dans les profondeurs du temps. Tout ce que la mer emporte, le peu qu'elle nous laisse.
Lucien Raphmaj, sur son blog Latérature : Il est des amitiés sans lieu. Il est des deuils sans lieu. Celui de Tombant est de ce type-là. D’amitié, de deuil, de lieu, de beauté. Choisir & lire, Les notes : La langue fait le reste, précise et poétique, elle ouvre une brèche dans notre conception du réel, imposant le flou du souvenir et la force du lien affectif comme seule réalité.
EXTRAIT
La chute du break
« Le souffle n’est plus évident. J’ai comme un arrière-goût de poivre en bouche. Quelques fourmis s’agitent le long de mes jambes, dans la pulpe de mes doigts. On n’y voit rien et pourtant je sens un regard. Il n’est pas rare que ce soit le paysage qui nous regarde. Sous l’eau il n’y a plus que les paysages des souvenirs. Ils m’observent couler. Ces paysages immédiats, ce sont des parkings de plage à l’aube, presque vides, des paillotes avec des clés sur la porte, des scooters rouges garés en bas d’appartements de front de mer, des boîtes de nuit fatiguées par la saison, des bacs à marée remplis de lunettes de soleil fluo, des aquariums grands comme des océans. C’est une succession d’instantanés, avec le pari qu’une des images sorte nette, celle, de nuit, en grand-angle, d’un break avec quelques points de rouille aux flancs faisant une sortie de route le long d’une falaise de granit. Lire plus