Les Métamorphoses

OGRE N°20 – Ovide

Ovide

Les Métamorphoses

 

Traduit par Marie Cosnay
jeudi 05 octobre 2017
Taille : 165/218 mm – 528p. – 25€
ISBN : 979-10-93606-99-6

La traduction

La traduction d’un livre aussi extraordinaire que Les Métamorphoses d’Ovide relève d’une forme de folie. Imaginez : une traduction fleuve de plus de dix ans et de quelque 12 000 vers. Pourtant ce projet semble découler naturellement de l’activité d’écrivaine et de traductrice de Marie Cosnay. En 2006, alors que Marie Cosnay enseigne les lettres classiques au collège depuis de nombreuses années, les livres X, XI, XII des Métamorphoses d’Ovide sont inscrits au programme du baccalauréat littéraire. L’Éducation nationale utilise des adaptations vite éditées de l’une des traductions existantes des Métamorphoses, versions qui permettent au lecteur d’avoir accès au contenu mais pas à sa dimension littéraire et poétique. Alors, Marie Cosnay se lance dans la traduction de ces trois chants à destination des Terminales. La première réaction des jeunes élèves et de leurs professeurs, c’est qu’ils n’imaginaient pas Ovide si contemporain. Si contemporain ! Le projet est lancé, et elle reprend Les Métamorphoses depuis le livre I pour en achever la traduction en juin 2016. On imagine la constance et l’énergie incroyable qu’il a fallu puiser pour en arriver à bout. Une nouvelle traduction donc, qui vient s’ajouter à celles de Georges Lafaye et d’Olivier Sers aux Belles Lettres ou à celle de Danielle Robert chez Actes Sud.

Non seulement Les Métamorphoses fait partie de ces œuvres qui méritent et appellent plusieurs traductions, mais il en manquait une, celle qui révélerait toute la modernité de l’écriture d’Ovide et qu’on lirait non pas comme un texte antique, mais comme de la poésie ou comme un roman d’aventure.

 

Traduire, c’est construire à partir de ce qui a été construit, recommencer en partant des mêmes principes. On en rajoute une couche : on re-re-fait le monde, le nôtre, en partant de très loin, celui du vieil Ovide d’il y a 21 siècles. Il s’agit de sortir Ovide du décor et des classes de latin, et de réussir avec Ovide ce que Jean-Michel Déprats a fait avec Shakespeare ou André Markowicz avec Dostoïevski. Le latin d’Ovide est novateur, c’est un latin qui lui est propre (qui est fait de plein de choses, de grec, de pas mal de Virgile, etc.). Quand il écrit Les Métamorphoses, il n’obéit pas tout à fait aux règles et aux codes littéraires de son époque. C’est cette originalité que Marie Cosnay tente de traduire. Durant toutes ces années, quand elle écrit, c’est avec le compagnonnage d’Ovide, et quand elle traduit, c’est toute la diversité de son écriture, au croisement du récit, de la poésie et de la réflexion politique, qui converge vers un but, rendre aux Métamorphoses sa dimension orale, populaire et contemporaine.


Le livre

Les Métamorphoses, c’est un livre monstre par sa forme et par son projet, un poème de 15 livres qui rassemble en quelque 12 000 vers le récit de 246 fables racontant les métamorphoses des dieux et des héros, depuis le chaos originel jusqu’à la métamorphose de Jules César en étoile. C’est un texte tellement important qu’il irrigue tout un pan de l’art et de la littérature. Même si vous ne l’avez pas lu, vous en avez forcément des images ou des fragments d’histoires. Ovide pioche dans l’immense répertoire des mythologies grecques et romaines et recompose sa propre épopée pour nous raconter le monde. Ovide est un poète de l’amour, du désir et de l’orgueil, et ce qu’il nous livre est un immense roman d’aventure.

 

LA PRESSE EN PARLE

 

« Les Métamorphoses, d’Ovide », par Cécilia Suzzoni, Esprit, avril 2018 : La réussite de cette traduction est d'abord de nous rendre ces Métamorphoses comme en train de se faire, devant nos yeux, à nos oreilles, « paroles de chair et d'os ».

 

« Métamorphoses transfigurées » par Bertrand Leclair, Le Monde, 9 novembre 2017 : C’est aussi cette exigence [de la traduction] qui donne au texte son allant et sa modernité, sans afféterie aucune, mais avec la volonté d’atteindre à une littérature susceptible de faire un peu trembler le rapport au réel. Pour le regarder d’une autre manière, comme assurément y invite le « poème sans fin » d’Ovide qui conserve, après vingt siècles, la capacité de rendre absolument vivante et agissante la mythologie, ainsi que sa puissance prophétique.Lire plus

 

LES LIBRAIRES AUSSI

 

Tropismes (Bruxelles) : Lire Ovide comme on lirait un roman d'aventures mystérieuses et sentir dans le rythme des langues les enjeux palpitants du mythe. Quelle merveille !

 

EXTRAIT

 

La création 

 

Je veux dire les formes changées en nouveaux 

corps. Dieux, vous qui faites les changements, inspirez

mon projet et du début du début du monde

jusqu’à mon temps faites courir un poème sans fin.

Avant la mer et les terres et le ciel qui couvre tout, 

le visage de la nature était un sur le globe entier, 

on le disait Chaos, matière brute et confuse, 

rien qu’un poids inerte, des semences

amoncelées, sans lien, discordantes.

Aucun Titan alors n’offrait sa lumière au monde 

ni Phœbé ne réparait, en croissant, ses cornes nouvelles

ni dans l’air tout autour la terre n’était suspendue, 

balancée sous son poids, ni vers les lointains

bords des terres Amphitrite ne tendait les bras.

Quand il y avait terre, il y avait mer et il y avait air,

mais c’était terre instable, onde innavigable, 

air sans lumière, rien ne gardait sa forme, 

une chose empêchait l’autre, car dans un même corps

le froid battait le chaud, l’humide le sec, 

le mou le dur, le sans-poids le poids.Lire plus